• Réalité d’hier

     

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    Chapitre I

    « Le temps filait, elle le savait. Et pourtant, elle aimait prendre son temps, ralentir son pas. Elle observait silencieusement, sans se presser à répondre aux questions qu’on lui posait. C’était son plaisir que de faire patienter son interlocuteur, lui faire prendre son mal en patience. Car sans doute, elle-même avait oublié depuis longtemps, l’impatience du monde.

    C’était une femme simple et n’attendait pas spécialement quelque chose de la vie, hormis évoluer. Elle se laissait bercer sur le chemin de son existence, à l’écoute des conseils des sages et des savants, observatrice des peuples se bousculant dans leurs tumultueuses habitudes. Elle aimait raconter ce qu’elle avait découvert et avait pour habitude de noter les détails qui lui semblaient des indices de compréhension de cette humanité.

    Elle en faisait partie, oui. Mais elle aimait se dire, qu’elle était comme une présence invisible, faite pour observer et traduire sa vision en lettre, en mot, en phrase. Peut-être avait-elle besoin d’être lue pour être corrigée, si ce qu’elle avait compris n’était pas la vérité ? Ou alors, elle écrivait pour révéler aux yeux du monde, ce que personne ne prenait le temps de voir ?

    Sa curiosité la menait au travers des milles facettes des imprévus. Car elle aimait les imprévus, même si parfois, elle y laissait un peu trop d’elle-même à son goût. Aussi, elle aimait trouver les revers des images que présentaient les inconnus. Tout le monde sait qu’au fond, dans les premières interactions, personne ne dévoile réellement son identité propre. Tout cela lui apprenait le monde et le monde la rongeait. Quel était le secret pour évoluer sans être rongé ?»

    Reposant ma plume dans l’encrier, je réalisais que cette femme me ressemblait étrangement. Mon héroïne, était-ce moi-même ? Il est courant qu’écrivain et héros se confondent. Mais là, ça n’avait pas été mon but ; elle s’était d’elle-même appropriée ma personnalité. Relevant le menton de ma liasse de papier, j’expirais longuement en reposant mon dos contre le dossier de ma chaise. Était-ce moi qui décidais de son histoire, ou elle qui choisissait ce qu’elle désirait être ?

    J’aimais à penser qu’elle était une fiction qui s’amusait de mon image. Peut-être irait-elle jusqu’à me faire douter de mon identité? Peut-être chercherait-elle à ce que je réalise qui je peux être ou au contraire, ne pas être? Mon roman…Une fiction ou une autobiographie ? Ou alors, une fiction autobiographique ? Je doutais que ce serait clair, même une fois mon livre publié…


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  • Sighild Vencourt

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    Nom :
    Vencourt

    Prénom : Sighild
    Âge : Vingt-quatre, mais quatorze d’apparence
    Race : Humaine
    Culte : Gran Kain
    Lieu de Naissance : Schuttgart
    Langues parlées : Humain, commun
    Description physique:
    Suite à une maladie, Sighild a gardé un corps de petite adolescente de quatorze ans environ.
    Enfant du nord, elle a une peau très pâle et est habituée au froid. Elle est donc restée à son petit mètre cinquante, son poids plume de 40 kilos et ses petits pieds de 18 centimètres. Sighild est donc très peu musclée, fluette. Ses cheveux sont épais, bruns virant presque sur le noir, et lui arrive aux épaules. Des grands yeux bleu marine brillent en permanence au milieu de son visage lui donnant un regard profond et parfois sévère, surtout pour une..:"enfant". Ses lèvres, souvent relâchées en une mimique sérieuse et concentrée, s’étirent rarement en un sourire. Mais lorsque cela arrive, elles dévoilent des dents de perle blanche parfaitement alignée. Sa poitrine quant à elle, est à peine apparue.


    Histoire

    I
    Prépubère

    Il se surprenait de me regarder de la tête au pied, lentement mais sûrement. Je lui souriais, reprenant une gorgée de l’alcool qu’il m’avait servi, posant ensuite ma main contre la table, m’appuyant dessus. Il déglutit et finit par dire :

    - Enfin, voilà… la pluie a peut-être cessée maintenant…
    - Sans doute, lui répondais-je avec un sourire aux lèvres, le fixant attentivement. Il en semblait déconcerté. Mais je suis sûre que tu n’as pas envie de sortir…
    - Non, dit-il dans un souffle en secouant la tête.
    - Mais malgré tout, cela te gêne que je sois là… Je le regardais en inclinant la tête sur le côté. Amusant.
    - Tu sais te jouer des situations avec brios. Il plissait des lèvres. Tsss… Sa mâchoire se contractant d’avantage, serrant ses dents.
    - Détends-toi… Qu’est-ce qui te rends si nerveux… ?
    - Tu dois comprendre ma situation, ce n’est vraiment pas simple…
    Je tendais une main vers lui pour lui faire signe d’approcher. Il vint vers moi.
    - Je te comprends oui. Mais je ne comprends pas pourquoi tu te tortures à ce point… Tu ne parviens pas à te faire de raison, c’est cela ?
    - Non, ce n’est pas ça, dit-il en secouant la tête. J’ai totalement conscience de la situation, de ta situation. C’est juste que, quelque part au fond de moi, une petite voix m’empêche de t’embrasser avec passion. Sur l’instant par exemple. Mais, c’est peut-être la bienséance, ou… je ne sais pas…

    Il passait sa main sur sa nuque, alors que je me figeais. Ce qui le bloquait était que j’étais une gamine. La voilà la raison… Le regard des gens, la vision de mon corps pré pubère. Je rageais intérieurement.



    Quand on me dit que la nature est bien faite, j’ai envie de cracher au visage de celui qui a eu la stupidité de prononcer ces mots. Il y a trop de mauvais hasards, de conséquences irréfléchies, trop de maladies, de malformations, même notre corps n’est pas idéalement créé, trop de mystères, trop d’idiots pour que la nature soit bien faite. Je suis bien placée pour le dire, j’en suis la preuve vivante.

    Je considère tout être humain d’être dit : idiot. Nous naissons sans savoir, on doit apprendre, par imitations et par expériences. L’animal aussi, mais l’animal à plus d’instinct que nous. Il est en somme, plus intelligent que nous. Il sait pourquoi il vit et ce qu’il doit faire. La chaîne alimentaire en sommes. L’être vivant, pensant, se voit au-dessus d’eux car il croit avoir la capacité de se rendre compte de sa propre personne. De penser au passé, au présent et au futur. Mais au fond, il ne sait rien. Il croit savoir. Si la nature était bien faite, on saurait déjà tout. On me dira : « mais la vie est faite pour apprendre, si on saurait tout, on s’ennuierait ! » Si on saurait déjà tout, cela ferait longtemps que j’aurais trouvé réponse à mon problème et à l’existence même de ma vie. A la place, on traine sa loque de corps toute sa vie en espérant avoir une infime réponse au bout de la route.

    Si la nature était bien faite, je n’aurais plus le corps de fillette que j’ai aujourd’hui, le jour de mes vingt-quatre ans.



    II
    Emprise


    Combattre et survivre c’est la devise de la vie. Je m’y adonne donc avec un malin plaisir. Puisque l’on m’a doté d’un corps qui ne semble plus vouloir mûrir, j’en profite pour me permettre des actes dangereux, osés ou mal vus s’ils sont faits par des adultes. Je connais de moins en moins la contenance. Quand je veux faire quelque chose, je le fais. Et avec « cette nature si bien faite », il est facile pour moi de me camoufler sous une image qui n’est en réalité pas même « la réalité ». J’ai bien assez d’inconvénients pour me permettre d’exagérer et augmenter mes avantages, non ?



    La lune brillait déjà haut dans le ciel. Alors que je venais de récolter du sang d’un cheval, un jeune homme était survenu près de moi. Je caressais l’encolure du cheval sur ma droite. Le jeune garçon qui me faisait face devait avoir seize ans, tout au plus, mais déjà sa carrure était imposante et robuste. Je le regardais en haussant des sourcils, il avait l’allure de ses enfants de bourgeois gentilhomme, les cheveux blonds, la tenue respectable, la posture droite et fière. Il m'aborda et engagea la discussion. Puis, échangeant des banalités, je m’apercevais qu'il n'était pas anodin...

    - Je n’aurais jamais pensé que tu viennes du nord.
    - Mais il semblerait que tu sois douée d’un grand humour jeune fille. Son sourire s’agrandissait alors qu’il levait sa main pour venir caresser ma joue avec le dos de celle-ci. De quel droit se le permettait-il ?! Il se croyait me faire du charme ? Je remarquais alors que j’en restais perturbée un instant, et me mis à jouer l’indifférence. Il écarta sa main. Peut-être est-ce ma manière de répondre à tes piques.
    - Elles sont si petites…Il t’en faut peu.
    - En effet. Elles sont petites, voilà pourquoi ma réaction en est à l’image : petite.
    - C’est presque tentant de chercher plus loin, pour voir. Je levais le menton pour le regarder de sa haute taille.
    - Oserais-tu ?
    - Je me le demande moi-même. Mais pour l’heure, je dois... Je remarquais la brume s’installer sur la place des écuries. Je soupirais en grimaçant.
    - Tu dois ?
    - Ça attendra apparemment. Ah, j’aime pas ça.
    - Quoi donc ? Il se posta devant moi, les bras croisés sur son buste.
    - La brume.
    - Devenir aveugle parce qu’on ne voit pas à quelques mètres te gêne-t-il ?
    - Non, les voix et la sensation qu’elle produit. Elle ne te fait rien ?
    - Bien sûre que si. Mais on commence à s’y faire. Tu veux qu’on s’en aille d’ici ?
    - Tu comptes rester en ma compagnie ?
    - Pourquoi pas. Tu me divertis bien assez.
    - Que c’est aimable. Tssk, lançais-je d’un air ironique.
    - Et tu n’as pas l’air d’être effrayée par l’homme que je suis.
    - Apparemment, ce n’est pas tant difficile de te divertir.
    - Oh… Certains et certaines me divertissent par leur stupidité. D’autres comme toi par leur mutisme. Mais si jeune… Quel âge as-tu exactement ?
    - Effrayée ? J’userais de ta phrase de tout à l’heure : « n’oublie pas que je viens de Schuttgart »… Je lui adressais un léger sourire sur mon visage pâle, il me le rendit aussitôt, l’air d’apprécier cette mini joute verbale. En quoi mon âge importe-il ?
    - Treize ans ?
    - Par-là autour… J’eus un léger tique aux lèvres.
    - Que je puisse avoir une comparaison à faire quand je croiserai le chemin de personne à la mentalité plate. Bientôt quatorze ?
    - Mutisme… Je souriais à nouveau. C’est bien léger comme mutisme.
    - Vraiment ? Je le regardais de manière plus agacée.
    - Quatorze voilà, on s’en fout.
    - Tu n’as pas l’air de t’en foutre en revanche comme tu le dis si bien.
    - Je pourrais parler beaucoup moins, oui. Je parle déjà beaucoup je trouve. La place se libérait de brume, laissant place à la lune claire. Je déviais le sujet en commentant,il fait plus clair.
    - Perspicace.
    - N’est-ce pas. Je levais le regard sur la lune rouge.
    - Une telle lumière m’étonne.
    - Elle brille bien ce soir.
    - Quand j’étais jeune, on me disait qu’elle était rouge car beaucoup de sang a coulé.
    - Blablabla… C’est très joli de dire ça. Je riais légèrement. C’est pour avoir une pensée vers tous les morts de guerre ? Pour ma part, je pense plutôt qu’il faut les oublier. Ils sont morts, on a suffisamment à s’inquiéter pour le futur. On mourra tous.
    - Non. Juste que quelqu’un s’est bien battu aujourd’hui et a ajouté des noms en plus à sa liste. Le passé ne m’intéresse pas, jeune Sighild.
    - Alors, il n’y a pas à lui donner l’honneur de la lune. Je me retournais tout à coup face à lui réalisant une chose qui me titillait. Tu te sens si vieux que ça ? Tu parles comme si tu avais quarante ans de plus que moi. Il souriait alors et vint même à rire un peu, venant fléchir son genou pour venir face à moi. Je le regardais avec mépris. Tu n’as même pas encore de poils au menton…
    - Je n’en aurais peut-être jamais.
    - Des poils, ou quarante ans de plus ?
    - Les deux certainement. Il vint m’attraper le menton entre ses doigts, m’immobilisant le visage face au sien. Je ne bougeais pas, le regardant avec une lueur dans les yeux. Ce gaillard m’effrayait et j’adorais ça. Je désirais voir les limites de sa patience.
    - Tu te sens faible ? Ou tu joues le réaliste ?
    - Je ne suis pas à l’abri des malheurs qui sévissent parfois.
    - Personne n’est à l’abri, c’est ça le jeu.
    - Je ne pense pas que tu as quatorze ans. Déjà qu’on me considère on ne plus mature pour mon âge. Mais toi…
    - Que veux-tu, grandir rends idiot… Je lui adressais un fin sourire amusé, une lueur d’amusement dans le regard et il me rendit à nouveau le sourire. Donc, tu n’as qu’à voir l’esprit et non pas l’apparence. Et tu me rediras ce que tu en déduiras. Ça m’intéresse.
    - Et dans ce cas, quel âge ai-je d’après toi ?
    - Hmmm... Il me maintenant encore le menton entre sa large main, les genoux fléchis pour être à ma hauteur. Relève-toi. Il lâcha mon menton et se redressa afin que je le juge du regard. Hmm… Dix-sept, dix-huit… Tu sembles trop vaniteux et bien posé pour être en-dessous.
    - Tu as certainement raison, Sighild. Mais peut être as-tu tort ?
    - Bla bla blaa... Je le regardais un peu moqueuse. Tu joues à mon jeu ? Soudain, sans prévenir, il leva son bras et me gifla du revers de la main. Surprise, je criais légèrement, décalée sur le côté. Le coup avait été sec et rapide, fort mais retenu tout de même pour ne pas me marquer. Je le regardais avec colère, puis finit par sourire.
    - Tu as été piqué ? Je le voyais revenir à la charge de la même main qui revenait dans le sens inverse. J’eu le temps de l’éviter en souriant finement. L’adrénaline montait en moi, l’excitation du danger me faisant plus palpiter qu’autres choses.
    - A quoi tu joues ? Un autre jeu ? Tu veux changer les règles… ?
    - Absolument pas Sighild. Les mots ne me feront jamais mal. Mais oui, je jouais…et je te testais.
    - Je pense bien, je pense bien. Intelligent le jeune.
    - Jouons alors, petite fille. Suis-moi. Il s’éloignait vers la sortie de la ville.
    - Tu me crois sotte ?
    - Sotte ? Non. Il tournait son visage vers moi.
    - Je n’ai déjà pas l’avantage en ville. Je croisais les bras, hésitante. Tu vas jouer au jeu « tu me suis pas, tant pis » ?
    - Tu es trop curieuse pour t’en aller maintenant.
    - Saligaud. Je m’avançais à sa suite. Tu as raison, ça m’agace j’avouerais. Mais ça tu dois t’en douter.
    - Absolument. Le fait que tu me suives prouve certaines choses aussi.
    - Oui, je le sais. Il s’éloignait de la ville. Mon cœur s’accélérait. Je risquais grand et je continuais d’avancer malgré tout. Tu es très perspicace et réfléchit…Pour ton âge. C’est étonnant. Tu as du vivre des choses…assez « sympa ».
    - Très, me répondit-il en se retournant vers moi. Tu ne peux savoir à quel point. Donc, Sighild. Dis-moi ce qui t’intrigue suffisamment pour te pousser à me suivre, alors que tu pourrais très bien finir dans l’eau, le ventre ouvert ou alors violée.
    - Peut-être la même chose que toi ? Le plaisir de voir un être calculateur et réfléchit, un peu différent de la plupart des gens. Peut-être…par ennui…par cupidité ou par sottise… Par amusement, qui sait ?
    - Je pense qu’il s’agit un peu de tout ça.
    - Sans doute. Et comme je l’ai dit, on finit tous par crever. Autant satisfaire sa curiosité.
    - Es-tu prête à mourir, Sighild ? Il s’approcha de moi, collant son corps contre le mien.
    - Jeune, et déjà si taré… C’est troublant, dis-je un sourire presque admiratif aux lèvres.
    - Sais-tu pourquoi je suis si confiant ?
    - Pour te sentir et faire sentir que tu domines la situation ?
    - Non, mais presque.
    - Dommage que tu n’aies peu de considération pour les dieux, tu ferais un bon Kainiste… Je lui adressais un léger sourire. Il vint m’attraper le visage entre ses mains me fixant.
    - Ce n’est pas la réponse à ma question Sighild.
    - Dis-moi alors, pourquoi es-tu si confiant ? Son regard devenant à la fois plus sombre et brillant, comme si au fond de ses yeux brûlait quelque chose. Il sourit alors que ses doigts se mettaient à effleurer mes joues.
    - Car peu importe ce qu’il t’arrivera…tu ne révèleras rien.
    - Peut-être pas… Dis-je un sourire aux lèvres.
    - Non. Je souriais à sa réponse. Il me discernait mieux que quiconque et cela m’émerveillait autant que ça ne m’angoissait. Peu importe l’issue de cette discussion, tu n’iras jamais en répéter un mot car tel est ton choix.
    - Ah…Dans ce sens-là. Oui, en effet. Pourquoi parler de cela à des idiots ?
    - Certains le feraient par dépit. Pas toi.
    - Si tu parles d’optiques de « retransmission », tu ne comptes-donc plus me tuer ?
    - Pourquoi te tuerais-je ? Tu es trop intéressante pour mourir maintenant.
    - Teste sur teste… Je souriais un peu.


    Curiosité, approche des risques, je suis dans un beau merdier. Cette rencontre n’a fait qu’amplifier en moi le désir de voir les capacités de mon corps et de mon esprit. Perfide calculateur, il manipule tout ce qu’il peut, tous ceux qu’il croise sont marionnettes et outils. Intérêt est son maître mot. Il est pire que moi et c’est sans doute pourquoi il m’attire autant. Je veux voir, savoir, si je suis capable d’être comme lui. Alors qu’en même temps, je veux lui montrer qu’il n’est qu’un chien dans ce monde d’abrutis, un fauve sans vie, rabaissé à son passé qui l’a brisé et qu’il accepte autant qu’il nie. Je suis dans l’obligation, mais je sais que je tolère cette vie parce que je le veux bien. Tout n’est qu’intérêt. Me voilà sous son emprise...Pauvre sotte.


    III
    Chaîne


    Deux années plus tard...
    Je faisais mine d’être concentrée sur les feuilles de mon bureau. Il entra dans la pièce.

    - Oui ?
    - Que t’arrive-t-il ? Tu es partie précipitamment.
    - Hm ? Tu aurais souhaité quelque chose de plus ?
    - Non.
    - J’avais envie de finir une recherche.
    - J’ai eu ce que je voulais et je l’aurais certainement encore. Je pensais t’avoir blessée. Mais je me trompais. Je fronçais des sourcils, en ne répondant pas. Il visait juste cet abrutit.
    - Dois-je comprendre que ton corps à ses limites ?

    Il s’approchait de moi, venant poser une main sur mon épaule, la serrant doucement, en cherchant mon regard. Je tentais de retirer sa main sans répondre, agacée.
    - J’ai donc visé juste.

    Laissant sa main s’écarter de mon épaule. Je rageais une fois de plus en le repoussant hors de la chambre allant lui claquer la porte au nez, non sans pas lui jurer au visage… Je l’avais vu sourire.


    Image
    Un corps faible, un corps minable.
    Je le hais.


    Je commence à prendre trop de place, solution de secours, on pique, on frappe. Ambiguïté des visions. Il doit me briser, personne ne doit l’envahir, personne ne doit le comprendre. Apporter de l’importance est une trop grande affection, un présent bien trop volumineux pour ce que je mériterais vraiment. Il s’ouvre doucement et ça, il n’apprécie pas. Mais en même temps, je suis la seule, prête à l’écouter et le suivre dans sa folie. Tiraillé, malmené par lui-même, s’en sortira-t-il ? Au fond, il me fait pitié. Heureusement, toute l’admiration que je lui porte rééquilibre la balance. Je l’aime mais je le hais de tout mon être.
    Ambiguïté des visions, à quoi tout cela nous mènera ?


    - Offre-moi un sourire Sighild. Ils te vont à ravir.
    - Tu aurais tant de plaisir à me l’ôter si rapidement… Que je vais le faire.
    - Tu es bête parfois.
    - J’aime bien, le « parfois ».
    - Sachant l’être que je suis…combien de temps vas-tu me supporter ou m’accepter ?
    Allongée sur le lit, j’haussais un sourcil en tournant la tête vers lui, l’air perplexe.
    - Ca ne changerait rien, que j’y croie ou non, que je le veuille ou non, dis-je en relevant légèrement les épaules.
    - Non, en effet. Tu connais la seule méthode pour me faire quitter cette maison, il me fixa dans les yeux, le ton grave et posé. Mais tu ne la feras jamais…ou tu ne pourras jamais la faire…peut-être.
    - Peut-être.
    - Tu n’as pas peur qu’un jour tu ne veuilles plus de moi mais que je reste ?
    - Non.
    - Pourquoi ?
    - Parce que je trouverais un moyen…quelconque.
    - Mais tu devras subir jusqu’à ce que tu trouves le moyen de m’évincer.
    - Mais comment saurais-tu que je ne te veuille plus ? Hmm… ?

    Il faut l’avouer, il a du talent. Il connaît comment je fonctionne, sait toujours quoi répondre pour me faire réagir, me piquer, m’énerver. Il a cette emprise sur moi mais je sais qu’au fond, je peux en avoir une sur lui. J’y parviendrais et d’ailleurs, je vois déjà du changement. En parlant de changement, je me rappelle à présent d'une discussion...


    Nous traversions la ville de Gludio lorsque nous arrivions là où nous nous étions rencontrés. Je ne pouvais dire si cela était un bon ou mauvais souvenir…En tournant la tête vers moi, il s’aperçut de mon air pensif et me demanda :
    - Des regrets depuis ce jour ?
    - J’en doute fortement. J’imaginais plutôt comment je serais aujourd’hui, sans ta rencontre.
    - Et comment serais-tu, d’après toi ?
    - Peut-être…Agglutiné à un homme sensible et trop gentil, en me cachant dans mes laboratoires cherchant encore un remède.
    - Un homme gentil et sensible… Il parut amusé sur le coup. Tu aurais étouffé d’être si libre Sighild. Tu as besoin des barreaux que forment mes bras et mes poings pour t’endurcir et devenir forte.
    - Non, ça je n’en suis pas sûre.

    Et pourtant, il n’avait pas entièrement tord…Sans lui, je n’aurais pas évolué si rapidement. A présent, les mots volent loin plus facilement, ma colère s’entasse silencieusement pour mieux frapper plus tard, mon sang-froid s’installe. Difficilement certes, mais il s’installe et je ne doute pas une seule seconde de l’efficacité de le côtoyer tous les jours. Je me sers de lui et il se sert de moi. C’est un échange équitable non ?
    A présent, c'est une autre discussion qui me viens à l'esprit...


    Je fixais le paysage devant moi, le visage neutre.

    - Suis-je mauvais avec toi Sighild ?

    - Tu te fous de moi, voilà tout. Je soupirais légèrement. Que tu ramènes une garce je m'en contrefiche, que tu te joues à me montrer comme une gamine n'est qu'un spectacle. Mais que tu t'amuses ainsi de moi, je ne l'accepte pas. Frappe-moi si ça ne te plait pas, mais à la longue, je me barrerais. Car à ça, je n'y ai aucun intérêt.
    - Je ne veux pas te perdre Sighild. Pour le moment, je vais au gré de mes envies. J’aime posséder…et ce que je possède, je le détruis. Je m’étonne moi-même de l’être insensé que je suis.
    - Me possèdes-tu ?
    - Je te captive. Il se tût un instant. Serais-tu jalouse et possessive?
    - Serais-tu jaloux et possessif? répliquais-je le ton un peu lassé.
    - La réponse va de soi. Je n’aime pas que l’on touche à ce qui m’appartient.
    - Je n’arrive pas savoir si j’aime ou non, entendre ça.
    - Je n’aime pas que l’on abîme ce qui est précieux à mes yeux.
    - Il n’y a que toi qui m’abîme le plus, tu le sais non ?
    - Oui.
    - Quel est ton but, Valérian? dis-je après un instant de réfléxion.
    - J’ai certainement un but dans la vie, Sighild, sinon j’errerais tel un désespéré. Peu importe mon avenir et ce que je ferais, tu auras ta place à mes côtés.
    - Encore faut-il savoir quel genre de place...
    - Fidèle à toi–même, Sighild. Ta place ne dépend que de toi. Il sembla réfléchir un instant. J’ai parfois l’impression de voir mon reflet dans tes yeux Sighild…dans de rares instants.
    - Cela te perturbe ?
    - Cela me perturbe et me fascine.
    - Ça te donne envie de me tuer ?
    - J’aimerais tellement t’ôter la vie, Sighild… Mais un tel gâchis… un jour, certainement, l’un d’entre nous mourra. Et je préfère savoir que c’est de la main de l’autre plutôt que du destin tragique.
    - Je partage ta pensée.


    IV
    Réalité

    Auprès de Valérian j’en étais venue à vouloir tout détruire, qu’importait l’avenir. Je n’en avais plus. Tout n’était qu’expérience, voir jusqu’où j’étais capable de tenir. En m’alliant à un groupe de malfrats, j’aspirais à découvrir de nouveaux dangers, de nouveaux risques. Bien entendu, j’avais été servie.

    Puis Valérian est repartit, comme tant d’autres fois. Ça ne m’affectait pas plus que cela, j’avais l’habitude de ses absences répétées. Je m’étais concentrée sur les problèmes du groupuscule et leurs plans misérables.

    Le rapace m’avait empoignée de ses griffes et j’en gardais les stigmates. Sans sa présence je ne me trouvais plus d’utilité, plus de valeurs. Il avait réussi le salaud. Je tombais dans les méandres de la brume efficace de la drogue en bonne moins que rien que j’étais. Je ne trouvais pas de solution. Je ne saurais dire quel vent m’a relevé, mais certaines braves paroles d'un ami et baffes d'une autre m’ont remis sur pieds. Je n’avais souhaité qu’écraser mon corps et un corps écrasé ne se relève pas.

    Je décidais de mettre le groupe de côté et m'occupais à modeler ce foutu corps par la sueur des efforts musculaires… L'art du combat, de la magie...qu'importe, l'important était de m'occuper l'esprit pendant son absence. Ou pour ne pas y penser.


    Alors que je vérifiais ma liste d'ingrédients, sur le seuil de la porte, une silhouette s'approcha du pâté de maison. Mon visage resta de glace en m’apercevant que c'était Valérian qui revenait.

    - Les fantômes du passé refont surface Sighild. Que vas-tu faire ? Les fuir ou les affronter ?

    Il était là devant moi. J’avais toutes les clés en main, il ne suffisait qu’à tourner le loquet et voilà que je puais la trouille et le remord, je n’osais pas. Il savait que trop bien trouver les mots pour détourner cet acte…

    - Que désires-tu Sighild ? Retrouver le confort de mes bras ou me savoir loin de toi ?
    - Qu…
    - Tu n’as que quelques pas à faire… Ou me tourner le dos.

    Tout se mélangeait en moi, comme autrefois. Je m’approchais de lui, tentant de le gifler. Une ridicule gifle, alors qu’il méritait la lame… Il évita mon coup et en profita pour m’enlacer d’un bras, m’attirant contre lui.

    - Bordel… jurai-je, en tentant de le repousser.
    - Que tu as grandi mon petit oiseau… disait-il, alors que sa main effleurait du dos de ses doigts ma tempe.
    - Pourquoi être revenu ? Depuis tout ce temps… J’ai été dans la plus grande des poisses et tu n’as pas été là à un seul des moments les plus extrêmes.
    - Hors de portée de ton regard… Je voulais te voir te redresser. Tu t’es relevée Sighild ? Ou bien continues-tu de pleurer parce que je ne te tends plus la main ?
    - Je te hais toujours autant, détrompes-toi. Je pensais que je pouvais te faire un minimum confiance. Mais non, tu n’es personne. Juste un fardeau. Je l’ai bien noté dans ma petite tête, rassure-toi.
    - Tu es loin de la réalité Sighild. La raison principale de mon départ…La connais-tu ?
    - Tes petites histoires de m’intéressent plus, Valérian. Je suis lasse de tes affaires d’esprit.

    Il me libéra de ses bras, en se tournant vers la sortie de la ville.

    - Je commençais à t’aimer Sighild. Si tu me connais, tu sais combien cette révélation était lourde de sens pour moi.

    - Commençait, donc partit.

    Il s’éloigna ensuite à l’extérieur de la ville. Je fronçais des sourcils, en ôtant le collier de mon cou, le rattrapant.

    - Et tu as eu raison de partir alors. C’est une mauvaise chose.


    Je lançais brusquement le collier à ses pieds. Il le regarda.

    - Es-tu consciente de ce que tu fais ?


    Je ne répondis pas.

    - Veux-tu vraiment te séparer de ces perles ?


    Je serrais les poings.

    - Elles sont signes de chaînes.

    - Mais elles sont de moi…
    - Et alors, je dois pleurer ?

    Il se baissa et ramassa les perles, en se rapprochant de moi.

    - Elles t’appartiennent depuis le jour où je te les ai offertes.

    Il rattacha le collier à mon cou et je sentais le contact froid des perles noires. Il se pencha et déposa un baiser sur le sommet de ma tête. Je ne savais plus quoi faire, ses paroles me troublaient.

    - Vas…Retourne les voir. Et cesse de te mentir à toi-même Sighild. Mais avant de partir…Embrasse-moi.
    - Non.

    Malgré ma réponse, je me tournais face à lui. Après un instant d’hésitation, je vins lui embrasser simplement la joue. Il m’attrapa par l’épaule et m’embrassa de force, avec fougue. Je me haïssais.

    - File.
    - T..tu...

    La mâchoire crispée, je m’éloignais, perdue et furieuse de moi-même.
    Tout ce que je voulais, c’était ne plus le revoir. Mais cette partie de moi, maîtrisée n’attendait que de se blottir dans les bras de ce fou… J’étais malade, scindée en deux, incapable de prendre une décision et d’agir correctement.


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    Un boureau tourmenté... Je le savais pourtant.


    Je le revis deux jours après. Je décidais de simplement l’ignorer, je n’étais pas encore prête pour en finir avec lui… Mais il le savait autant que moi. Il me suivit en m’ordonnant de me rendre dans ma chambre d’auberge. Je tentais de lui faire comprendre que je ne souhaitais pas de lui en niant tous ses ordres. Il me poussa finalement dans la chambre et referma derrière lui. Je ne pouvais rien faire. Que gagner du temps avec la parole… Je soupirais et allais m’asseoir sur le canapé proche de l’âtre de la cheminée. Je levais mon regard sur lui, après un instant. Il inspectait la salle du regard.

    - Cela change de notre maison à Gludio...

    Il s'approcha d'un fauteuil libre et pris place, fidèle à lui-même, comme il le faisait avant. Je murmurais.

    - Allusion au passé, proximité des souvenirs affectifs...

    - Qu'en déduis-tu Sighild ?
    - Oui, nous ne sommes pas à Gludio.

    Je décidais de rester tranquille ce soir et ne réagir à rien. Je le regardais, passivement. Voyant que je ne répondais pas vraiment, il reprit, parcourant encore les lieux du regard.

    - Tu sais comment va se terminer cette nuit Sighild... Cela t'effraie-t-il tant ?

    J’haussais des sourcils en répondant avec sa manière de parler.

    - Pourquoi cela m'effraierait-il, Valérian?

    Je le regardais, le visage neutre, le regard légèrement trop scintillant pour être désintéressée. Il me délaissa du regard, observant les braises mourantes dans la cheminée. Il caressait le sommet de ma tête, mêlant ses doigts à mes cheveux. Je ne faisais pas de cas de sa main, ne bougeant pas.

    - Que suis-je à tes yeux, Sighild ?

    Il posa à nouveau sur moi son regard bleu et froid.

    - Un bourreau tourmenté, Valérian.

    Il souria.

    - Que c'est joliment dit Sighild...


    Il laissa ma chevelure tranquille, sa main glissant le long de ma joue pour venir cueillir mon menton.

    - Croyais-tu vraiment que j'étais parti à jamais ?

    - J'imaginais plus vraiment quoique ce soit. Je vis au jour le jour.
    - Je vois...

    D’un geste de la tête, je tentais d’ôter sa main de mon menton, agacée. Il me laissa faire.

    - Tu étais tombé au plus profond des abîmes mais tu as su en ressortir. Mais tu as oublié le plus important Sighild... et j'en suis déçu... profondément déçu...
    - Navrée pour toi, Valérian. Je n'ai retenu que ce qu'il me plaisait.
    - Et qu'as-tu retenu ?
    - Tu m'ennuies avec tes questions.
    - Répond, me dit-il d'un ton plus sec. Je soupirais.
    - J'ai retenu ce que je n'ai pas oublié. Et ce qui ne s'oublie pas.
    - Nous sommes indissociables Sighild... seule la mort nous séparera.

    Soudain, la main que je venais d’enlever vint me saisir la nuque et il me souleva du fauteuil tout en se penchant vers moi. Plongeant son regard dans le mien, il me fixait avec la petite lueur qui lui était si propre. Je m’attendais à ce qu’il s’énerve à un moment ou l’autre. Je le laissais faire, sans réagir, grimaçant légèrement, dû à la tension à ma nuque.

    - C'est toi qui crois en cela, Valérian.
    - C'est toi qui fuis le passé Sighild... Mais en réalité tu fuis ton présent...
    - C'est toi qui fuis la raison, Valérian.
    - Je ne fuis pas la raison Sighild... C'est elle qui ne veut pas de moi mais je te rejoins sur ce point.
    - Ça revient au même.

    Il me souleva un peu plus, suffisamment pour que nos lèvres s’effleurent.

    - J'ai envie de toi...
    - Moi pas.

    On s’embrassa doucement, la prise sur ma nuque se faisant un peu plus tendre, mais toujours aussi ferme.

    - Tu m'ennuies, Valérian.

    - Je sais Sighild.

    Je sentais tout à coup son autre main qui commençait à parcourir mon corps pour chercher les attaches de mon armure. Je rétorquais rapidement d’un ton sec.

    - Ne touche pas à ça.
    - Et à chaque fois que tu me dis ces mots... ton être ne peut cacher l'attrait qu'il a pour moi... Toi qui t'es tant plainte de ton corps enfantin, tu refuses de m'offrir la vue de celui-ci alors que je le connais parfaitement?
    - En effet, dis-je, en essayant de l’empêcher de détacher les lanières. Ça t'attriste?
    - Non... car le résultat sera le même.
    - Ne m'oblige pas à prendre les grands moyens Valérian…

    Il me reposa alors sur le fauteuil et m'observa sans dire un mot un instant.

    - Penses-tu que tes aiguilles vont me faire peur Sighild ?
    - Mes aiguilles... qui parle d'aiguille?
    - Car tu m'as piqué une fois.
    - Ça t’a déplu, Valérian?
    - Tu connais la réponse, grogna-t-il.
    - Oh, viserais-je un point sensible chaton?
    - C'est possible... Suis-je un chaton à tes yeux ?
    - Oui. Tu es perdu sans ta mère.
    - Qui sait, me répondit- il avec le sourire. Tu sembles avoir oublié que la provocation n'a aucun effet sur moi Sighild.
    - Indissociable... Que ne faut-il pas entendre…, dis-je, ignorant sa remarque.
    - Indissociable ? Que veux-tu dire ?
    - C'est toi...qui a parlé d'indissociable. Tu oublies tes propres mots Valérian. Aurais-tu reçu un choc à la tête durant ton absence..?
    - Tu n'as aucun souci à te faire pour ma santé Sighild. Je me porte comme un charme. Le grand air me réussit bien.
    - Charmante nouvelle, dis-je avec mauvaise ironie.
    - Et je n'ai pas fini dans la drogue, le cul offert aux rapaces qui tournaient autour de mon cadavre.

    Il retourna s'assoir dans son fauteuil, prenant ses aises, avec son éternel sourire calme qui illuminait son visage. Je souriais doucement.

    - Quel beau tableau tu fais-là de moi. Et tu reviens tout de même vers moi, Valérian?
    - Ose dire que ce tableau est faux, Sighild. Ai-je tort ?
    - Je n'ai pas offert mon cul, non.
    - C'est vrai?
    - C'est vrai. Tu reviens tout de même vers moi...cela dit. Tu souhaites me remettre dans le droit chemin ?
    - Sache que j'étais triste de voir que ma compagne a fini dans la drogue, se renfermant sur elle-même. Elle qui était si belle... qui a dû s'aider d'abrutits pour se relever... Je suis venu récupérer ma compagne... ma belle compagne Sighild.
    - Quelle joie j'ai eu de t'avoir près de moi pour me soutenir, oui. Je ne compte être l'objet de plus personne, Valérian.

    Il devint étrangement silencieux, me fixant sans dire un mot. Son sourire lui-même s'effaça alors que son regard s'assombrit. Je répondais à son regard, sans ciller.
    C'est alors qu'il se leva et dans une rage soudaine attrapa le meuble en bois qui se trouvait à ses coté. A la force de ses bras gonflés par la colère, il le projeta dans l'antre de la cheminée en perdant son calme.

    - CROIS-TU QUE J'AI EU LE CHOIX SIGHILD !!!

    - C'est ton passé, Valérian, répondai-je sur un ton calme ou presque. Tu devrais être fière de ton "objet".

    Des gerbes de flammes apparaissaient lorsque le meuble s'écrasait en plusieurs morceaux dans les braises. La respiration de Valerian s'était accélérée, les veines commençant à devenir saillantes sur son cou musclé. Il observait les flammes puis se tourna vers moi. Je pouvais distinguer un étrange mélange de rage, de tristesse et de folie dans son regard.

    - Les actes ne reflètent pas toujours les volontés, Sighild...
    - Et pourtant, elles sont qui nous sommes.
    - Tu ne sais même plus ce que j'ai fait les fois où je suis venu te voir...et tu.... ne sais pas pourquoi je suis parti.
    - Bien sûre que non, tu n'as pas laissé de traces de ton passage. Tu es partis parce que tu t'attachais et que tu ne supportes pas ça, Valérian.
    - Ce n'est pas la seule cause, Sighild.
    - Et bien parles. Je t'écoute.
    - Le passé m'a rattrapé et devenait une menace...pour nous deux. Je devais y mettre un terme, pour... toujours.... ,dit-il en serrant le poing.
    - Je vois que tu y es parvenu... , dis-je avec un brin d'ironie.

    Il s'approcha de la cheminée, me tournant le dos, le regard dirigé vers les flammes. Il paraissait si immense devant cette antre de pierre…

    - J'y suis parvenu Sighild... ,finit-il par répondre en ayant repris une voix calme et posée. Mais à quel prix...
    - J'allais presque croire que tu venais me voir pour y parvenir, avec mon aide. Je me surestime. A quel prix, Valérian?
    - Veux-tu réellement le savoir Sighild ?
    - Si je te le demande.

    Il prend un petit moment avant de répondre d'une voix plus basse.

    - Parricide...
    - Pourquoi un danger pour nous deux?

    Il s'écarta de la cheminée et se dirigea vers la porte de sortie.

    - Quelle importance... Comme tu me l'as dit tout à l'heure... ce n'est que du passé. Mais elle savait... Elle voulait ta mort. Et me dompter à nouveau...
    - Ah. Je vois que même en y repensant ça ne t'as pas remis en question.
    - Que veux-tu dire ?
    - Si tu ne comprends pas, il faut croire que tu es loin de cela... Remise en question sur ton domptage.

    Je me relevais, le regardant un instant, en continuant.

    - Cela arrivera une autre fois. Ou pas.

    - C'est un cycle Sighild...
    - Les cycles peuvent être interceptés.
    - Comme je te l'ai dit... plus personne ne me domptera... et je suis la seule personne qui ait le droit de te tuer.
    - Je me contrefiche de tes règles, Valérian.
    - Mais c'est aussi réciproque. Car pour le moment tu n'as pas le courage nécessaire pour me tuer... nous avons déjà eu cette discussion...Mais un jour peut être que cela changera.
    - Les cycles peuvent être interceptés par l'esprit et la volonté, Valérian. Pas seulement par la mort.

    Je m’éloignais en gagnant ma chambre.

    - Bonne nuit.
    - Tu voulais être seule ce soir… Commença-t-il, puis il finit par dire, bonne nuit.

    Je ne le revis pas le lendemain puis à nouveau plus pendant plusieurs mois.
    Il fallait faire vite. Me préparer. Être prête.
    Pour le tuer.


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    Pour le tuer...

     


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  •  

     

    Khiewlu

     

     

    Chapitre I

    « N’y reviendra pas »

     

    L’heure est à la brume et à la pénombre. Les arbres paraissent fatigués, leurs branches noueuses se tordent et tombent au-dessus du chemin qui se fraie un passage entre leurs larges racines. Les corbeaux croassent et s’éloignent à tire d’ailes au passage d’une femme vêtue et voilée de tissu blanc. Le dos voûté et le pas lent, elle tient la main d’une enfant blonde aux cheveux tressés. L’enfant regarde autour d’elle avec une légère curiosité mais son visage semble néanmoins éteint. Elle suit, sans savoir où elle va, guidée par cette femme qui est sa mère. Elle ne souhaite pas réfléchir, alors, elle garde le silence qu’on lui a imposé. La mère s’arrête. Une stèle est dressée au milieu du marécage. La fillette tourne la tête et fixe la pierre taillée ; la pierre se divise en six fragments, recueillant en leur jointure, le buste d’une enfant coiffée d’un turban. Une main vient enlacer la stèle, puis le corps lourd de chagrin de la femme vient s’effondrer contre la pierre. Des sanglots viennent perturber le silence pesant, puis des larmes glissent sur ses joues avant de rejoindre l’eau croupissante du marais. La fillette ne bouge pas, observant sa mère pleurer contre la statue, puis fronce des sourcils. Elle se détourne et fixe la brume qui voile les alentours. Épaisse, celle-ci ne laisse entrevoir qu’à peine l’eau que l’on distingue entre les hautes herbes. Les ombres menaçantes, les pleurs de la mère, le coulis silencieux de l’eau stagnante, chaque détails lui rappellent que ce lieu est angoissant. Mais l’enfant reste là, immobile, fixant ce paysage. Elle le déteste déjà et elle sait qu’elle n’y reviendra pas.

     

     

     

     

    Chapitre II

    « Cache-cache »

     

    L’air est au printemps. La nature reprend vie et les journées se rallongent. Les oiseaux volettent de branche en branche, chantant et gazouillant, ils se réjouissent déjà des beaux jours suivant. Là, dans le champ, les cerisiers sont en fleurs. Les rires des enfants qui se poursuivent agacent les femmes qui travaillent au pâturage d'à côté. Ils s’éloignent plus loin et entreprennent de jouer à cache-cache. Le temps passe et tout le monde est caché, puis retrouvé. Ou on le croit. L’une n’a pas été trouvée et on l’a oubliée.

     

    Elle s’est éloignée, puis éloignée encore, cherchant la cachette la plus idéale qui puisse exister. Le regard aux aguets en direction du coéquipier qui ne doit pas tarder à venir. Reculant encore, son dos se heurte à quelque chose. Elle se retourne et pousse un cri d’effroi. L’arbre devant elle est noir. Il est le premier qui s’avance, les autres derrière lui sont semblables. Ce sont ses lugubres branches qui ont surpris la jeune fille, mais à présent, elle rit. Elle s’avance vers cette forêt, sombre.

     

    On l’a cherchée longuement, on ne l’a jamais retrouvée. Morte noyée, morte mangée, morte blessée. Qui sait ?

     

     

    Elle, elle sait. Ronces, échardes, épines. Terre, boue, eau. Herbes, joncs, nénuphars. Brume, humidité, calme absolu. Ce lieu l’inspire. Les marécages lui rappellent les habitats légendaires des nymphes. Elle n’hésite pas à s’avancer dans l’eau, jouant à la dryade. Elle s’avance encore, puis n’y parvient plus. Ses pieds s’enfoncent dans la glaise. La jeune fille tends ses bras vers la berge, brasse l’eau en vain, s’enfonce d’avantage, sent son cœur palpiter d’angoisse, boit la tasse, s’enfonce d’avantage, garde espoir, bat des pieds, crie, boit la tasse, s’étouffe, s’enfonce, s’enfonce, se fait engloutir…et perds espoir. C’est la fin.

    Ses poumons s’emplissent de boue. Son cœur lui brûle la poitrine. Alors que son esprit s’éloigne de plus en plus vers l’inconscience, sa main atteint quelque chose de solide à travers cette lourde masse. Elle s’y accroche, espoir, vivre, vivre…s’agripper, se hisser, force, espoir, liberté. L’air libre glace sa peau boueuse. Elle crache, elle suffoque, elle tombe inconsciente. Ce n’est…pas la fin.

     

     

     

    Chapitre III

    « Qui est quoi ? »

     

    Les yeux s’entrouvrent difficilement, la boue séchée retenant les paupières. La vue fonctionne, mais il fait nuit, je ne vois pas grands choses de ce monde. Avec peine, les jambes frêles tremblent. Je marche à quatre pattes. Cela me semble plus évident. Des choses collent à ma peau, je les ôte. Cela ressemble à des morceaux de peaux. Mais ils ne m’appartiennent pas. Je les jette dans les marécages. Ou suis-je ? Qui suis-je ? J’ai mal au ventre… J’ai froid… Se rouler en boule. Dormir. Survivre…

     

     

     

     

    Je porte le voile,

    Blanc du deuil.

    C'est ma fille.

    Ses vêtements déchirés ont été retrouvés. Maudits marécages.

     

    ~~~

     

    Les odeurs envahissent mes narines. Elles me guident, le vent est ainsi salvateur. Les jours passent et je découvre mon environnement. Il est spacieux, voir trop grand. L’horizon continue sans cesse. Je me demande toujours ce qui se trouvera derrière la colline. Et celle d’après. Puis après le torrent, et la falaise. Tout n’est qu'obstacle à franchir. Mes muscles s’affinent, mes dents s’aiguisent, mes ongles sont mes outils. J’ai toujours fait partie de ce monde, je ne m’interroge pas sur mon passé ni sur qui je suis. Je suis Khiewlu. Ca je le sais. Je suis Khiewlu et je cherche à savoir ce qu’il y a derrière l’horizon.

     


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  • Nimbre

     

    Je tenais à mettre ici, l'histoire de mon personnage préféré, Nimbre.

    L'histoire en question mérite de grandes corrections et une remise de style en place, j'y ai déjà plusieurs fois travaillé... Sans véritablement le faire jusqu'au bout.
    Je vous mets donc l'histoire comme je l'ai écrite la première fois en 2010.

    A la suite de l'histoire, je vous mets une explication de comment fonctionne Nimbre dans sa p'tite tête... et aussi quelques bribes de discussions que Nimbre a eu avec des personnes inconnues...

    (Merci à tout ceux avec qui j'ai fait du jeu de rôle avec ce personnage...!)

     (Les photos sont pratiquement toutes de NeedchemicalX, je vous mets ci-joint le lien:
    http://ineedchemicalx.deviantart.com/ )

     

     

    Une petite mise en bouche

    Nimbre, histoire, explication, extraits de pensées

     

    "Que faites-vous avec cette lanterne?

    - Selon vous?

    - Vous m'illuminez?

    - Pour?

    - Je vous retourne la question.

    - Pour voir.

    - Quoi donc?

    - Si je vous éclairais, vous. Il faut croire que c'était vous que je voulais voir.

    - Mais si c'est moi que vous éclairez, comment vous savez que c'était moi? Et pourquoi moi?

    - Vous n'étiez qu'une ombre noire. Vous n'êtes à présent, qu'une ombre éclairée.

    - Je vois. Je ne suis qu'une ombre éclairée..."

     

     

     

    Nimbre, fille de l'absurde

    La Folie D'Eloi


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    Courir pour dépasser les saisons, percevoir le vide et compter l'infini.
    J'aimais ça.




     

     

    Chapitre I

    Le feu carbonisait lentement le bois innocent. Ces flammes, il pouvait rester des heures à les observer. Elles remuaient leurs bassins, chantaient à l’unisson sous ses yeux, dévorant les bûches avec cette douce antipathie. Ce spectacle-là le fascinait.

    Il lui arrivait bien souvent de leur parler, murmurant alors leur beauté ou partageant son bonheur de les avoir.  Certains disaient qu’il était quelqu’un de reconnaissant, d’autres, de fou. Pour moi, ses paroles me semblaient évidentes, sa vision était peut-être simplement trop compliquée pour la compréhension des paysans de cette contrée ?

    -          Mes belles… Vous rendez-vous compte à quel point vous êtes magnifiques ? Vous savez rendre les gens heureux de vos yeux luisant de force et d’intelligence. Regardez la pièce, grâce à vous, elle reluit de sérénité et de convivialité. Vous êtes si merveilleuses… 

    Son regard était si statique que l’on aurait pu croire que sa pensée continuait d’exaucer milles paroles pour les braises quasi cendre.

    -          Sans bois vous mourrez. Sans air je meurs. Nous sommes pareilles…. 

    On me disait : « Ne reste pas si près de lui, sa tête est folle ! » ou alors « si tu continues de le côtoyer ainsi, tu deviendras comme lui. » Oh merveille ! Lui ressembler ! Je ne comprenais pas pourquoi on le percevait comme un garçon insensé.

    Comme d’habitude, je restais assise en tailleur à côté du fauteuil où Eloi était installé. Mes oreilles l’écoutaient, ma bouche silencieuse. Mon admiration mûrissait au fur et à mesure que ses mots s’élançaient dans l’air, chacune de ses paroles glissaient vers moi en une grâce si mesurée que j’en restais toujours béate, le regard hagard. Le voir ainsi parler au feu me transportait ailleurs.

    Il était comme un poète, comme un savant à mes yeux. Il était mon frère et je voulais lui ressembler.

    Il était bien courant que ma grand-mère gesticulait devant ma mère et s’écriait : « Ton fils est cinglé et ta fille, ta pauvre fille ! Regarde-là avec ses yeux de colombe ! Elle le vénère comme un dieu, elle en est amoureuse, c’est certain ! Si vous ne faites-rien, vous allez voir comment tout ça se finira !» .

    Bien sûre que je ne voyais pas Eloi comme un simple frère. Il était si différent des autres qui entouraient ma jeune vie qu’il fallait que je lui montre que j’étais là dans son monde, prête à tout faire pour voyager à ses côtés.

    Contrairement aux enfants de l’épicier, qui eux, crachaient en haut des ponts, Eloi, lui, s’élançait dans la magie des mots. Pendant que d’autres se concertaient pour déchirer les sacs de farine du boulanger, lui s’intéressait à comprendre le déplacement des étoiles. Il n’y avait pas milles explications, je ne voyais pas comment j’aurais dû me comporter autrement avec un frère ayant une richesse aussi rare.

    -          N’oublie jamais d’ancrer dans ta mémoire les sensations. Touche tout, écoute tout, goûte tout, hume tout, regarde tout. Les sens sont précieux. Imagine si tu perds un jour la vue ou si tu te coupes les mains, tu perdras les sensations. Si tu te souviens de tout, tu auras toujours ton jardin de sensation dans ta tête.

    Mon frère n’avait que dix ans et à force de rester cloîtré entre quatre murs, il n’avait que bouquin à lire pour occupation, même la méditation lui plaisait. Pour mes parents, Eloi n’était pas normal, un enfant de dix ans aurait dû jouer, même malade.

    -          Nimbre, mon confort.

    De six ans mon aîné, malade d’un virus rare, il s’autorisait tous les droits sur moi. Il n’était jamais désagréable avec moi, il était juste exigeant, clair et précis. Du haut de mes quatre ans, je lui obéissais toujours très adroitement.

    Je me levais alors pour aller attraper le cousin de son lit et le lui plaçait derrière son dos. Tout le monde pensait qu’il était contagieux, parfois même j’entendais autour de moi de court murmure : « C’est la sœur du possédé, ne t’en approche-pas ! ».

    En fin de compte, j’étais la seule qui acceptait de bien vouloir lui tenir compagnie. S’il n’avait pas été mon frère, je me doute bien que je me serais retrouvée à lui lancer des boules de neiges comme les autres enfants, les rares fois qu’il sortait de la maison. Et même, sans culpabilité ! Je n’aurais pas connu la formidable épopée du regard contraire, l’absurdité du courant de pensée des gens autour de nous, les mots seraient restés pour moi un simple système de langage et rien d’autre. Même pas un trésor à offrir aux inconnus.

    Mais personne ne percevait l’intelligence d’Eloi. Ils se cachaient tous derrière une barrière d’égoïsme : un malade devait mourir le plus vite possible afin qu’il ne contamine pas d’autres innocents.

    Il était donc fou pour la grande majorité du village. Et j’allais donc devenir folle.



    Chapitre II
    Je me souviens très bien de l’expression qu’avait Eloi ce matin-là. Il s’était réveillé sans quinte de toux, ni soubresaut habituel d’issue au cauchemar. Ses tempes n’étaient pas humides de sueur, son front n’était pas chaud. Ni froid. Normal.

    Il s’était redressé, assis. Tout simplement. Il fixait l’âtre du feu en face de lui. Sans sourire. Le bouillon chaud et l'immonde tisane au tilleul placés sur le plateau que tenaient mes deux petites mains se retrouvèrent ridiculisées toute la journée. Eloi ne mangea pas ce jour-là.

    Ses premiers mots avaient été : «Il s’éteint ». Je lui avais répondu que non, le feu brûlait bien. Il ne me regarda pas et tourna la tête vers la fenêtre de sa chambre.

    - Nimbre..., murmura-t-il.

    - C’est moi, répondais-je en retour.

    Il observait le manteau blanc qui recouvrait le cerisier du jardin. Je le regardais avec inquiétude.

    - Va dehors compter les flocons pour moi.

    Je restais un moment, le plateau encore en main, pour détailler dans ma tête ce qu’il me demandait de faire. La proposition effaça mon anxiété concernant son étrange réflexion sur le feu: l'absurde demande me plaisait bien trop! Une fois le plateau posé, mes pieds glissèrent dans mes bottines et mes bras se logèrent dans le petit manteau de lin.

    Le vent emmenait la neige en une petite valse douce. Mon intrusion à sa danse dû l’agacer car il me gifla de son glacial salut. J’enfonçais mes bottes dans la lourde poudre blanche, décidée à ne pas me laisser intimider. Le milieu du jardin avançait petit à petit vers moi. J'apportais un regard vers la fenêtre où mon frère se trouvait: il me regardait d’un air neutre, passif. Mon travail débuta après avoir soigneusement salué mon frère en de larges signes de bras. Le menton relevé, les minuscules cristaux de neige me semblèrent tout d’abord insupportable. Leur contact aussi froid que leur meneur venteux, s'étalait sur ma peau. Mes cils furent bientôt des éventails à neige. Je clignais des yeux deux fois toute les trois secondes pour ne pas transformer ma vue en regard de bonhomme de neige. Les flocons semblaient venir de si loin que je ne savais où commencer. Je me décidais de fixer un seul point. Les petits fragments de neige n’auraient qu’à venir d’eux même vers ce point de rassemblement.

    Je commençais à compter. Ces charlatans ne venaient pas en rythme. Il était dur pour moi qui n’avais que quatre ans de compter aussi vite. Je devais rendre hommage aux heures d’intenses études que mon frère m’avait imposées. Je m’efforçais de faire de mon mieux. Je restais aussi longtemps que le chiffre le plus haut que je connaissais.

    - Septante-six ! m’écriai-je.

    Mes jambes ne firent pas long pour courir vers la porte de la maison, tant elles tremblaient de rage envers mon entêtement de calcul.

    - Alors, combien ? me demandai mon frère.

    - Septante-six !

    - Étonnant, répliqua mon frère d’une voix basse, j’en étais certain. Qu’en retires-tu ?

    Mes sourcils se froncèrent pour réfléchir.

    - Il y en a beaucoup, concluais-je.

    - Penses-tu les avoir tous vus ?

    - Non. Je ne pense pas.

    J’ôtais mes bottes, puis au même moment ma mère arriva dans la chambre, alors qu’Eloi continuait :

    - En effet, il y a...

    - Par Einhasad mais d’où viens-tu comme ça ?! coupa notre mère avec effroi. Tu es bleue comme... Comme...

    Elle paniquait et ne trouvait plus ses mots. Elle ôta mes vêtements et m’emballa vite dans une couverture. J’essayais de lui expliquer le sens de mon excursion si longue dans la neige, mais rien ne pût lui convaincre du sens que cela avait. Elle gronda mon frère avec une voix si imposante de culpabilité que je m’en voulais d’avoir compté si lentement.

    - Souhaites-tu que ta sœur te rejoigne dans tes douleurs !? Aie un peu de bon sens, bonté divine ! Tu ne penses qu’à toi ! Cela t’amuse de la voir approcher la mort ainsi ?!!

    Je fermais les yeux devant le feu. Je n’eus même pas le temps de me réchauffer les mains que ma mère m’emportait en dehors de la pièce.

    - Ne reste pas vers lui ! Il va t’amener à la mort ! Sa démence t’envahira bientôt !

    Ses phrases me déchiraient le cœur. Elle ne comprenait rien. Personne ne comprenait mon frère. Sauf moi.
    Ce jour-là, je ne mourus pas de froid.

     

     

    Nimbre

     

    [...]
    - Nous ne sommes pas des pierres.
    - Non. Mais on se fissure aussi.
    [...]



    Chapitre III
    Je survécus. Et par mon égoïsme j’évacuais mon froid dans le corps de mon frère. Lui qui avait eu l’air de s’éveiller en bonne santé ce matin-là. Je m’en voulais une fois de plus de l’entendre gémir de douleur, ainsi.
    Plus la journée avançait, plus les degrés de son corps montaient. Ma mère m’interdit formellement d’entrer dans sa chambre. Seul le médecin et ma mère pouvaient y accéder. Je n’allais donc jamais savoir pourquoi mon frère m’avait fait compter les flocons. Car toute action qu'il me demandait avait un sens et un but.
    Peut-être voulait-il vérifier que je savais compter... ? Ma tête semblait vouloir exploser. A cinq ans je savais faire tant de chose grâce à Eloi. Soudain ma mémoire s’activa.

    - Il s’éteint !

    Mes petits pas devinrent élans de fenrir, je tambourinais la porte de mon frère derrière laquelle se trouvait ma mère. Mon père arriva derrière mon dos et posa une main calme sur mon épaule.

    - Ne t’inquiète pas, Nimbre. Eloi a juste une crise. Tu sais que cela lui arrive souvent.

    Hors de moi je me débattis de sa main affectueuse.

    - Non ! Il va mourir ! Je dois luis parler ! Laissez-moi entrer !

    Mon père m’emprisonna de ses bras.

    - Nimbre ! Calme-toi ! Le médecin s’occupe de ton frère ! Ne fais pas tant de bruit !

    Suites à de nombreux débats dans l’étreinte forte de mon père, je me calmais, puis éclatais en sanglots. Le monde était injuste, je haïssais tout le monde, le médecin était un troll et ma mère une morue et mon père un elpy des... Enfin bref...

    Le soir, mon frère mourut.

    Son souffle avait cessé de combattre la chaleur qui l’avait envahie vers les six heures du soir. Je me souviens de ce silence atroce. Jamais la maison n’avait arrêté de craquer ses planches aussi longtemps. J’étais certaine que tout le jardin même avait stoppé ses mouvements.

    Honneur à mon frère.

    Ce garçon qui observait et détaillait tant de choses qu’aucun n’apportait d’importance.
    Ce garçon qui avait pris son temps pour m’apprendre la curiosité et l’étendue de l’esprit.
    Ce garçon qui avait fait d’une fillette de quatre ans, une cultivée de la vie, non commune.

    Honneur à mon frère. Et silence intense.

    Mes parents ne parlèrent jamais plus de l’excursion flocons de neige. Surtout ma mère. Elle se sentait coupable de la mort d’Eloi. L’avoir grondé était maintenant la raison de sa mort. Il était fou et n’avait pu supporter un tel poids d’émotion.
    A nouveau, mon peu d’âge ne pût convaincre ma mère qu’il l’avait su, le matin même.

    Il s’éteint. Son corps s’éteint. Son cœur s’éteint. Ses yeux s’éteignent. Son esprit s’éteint. Sa vie s’éteint.

    J’en voulu toute ma vie à mes parents de ne m’avoir pas laissé voir mon frère alors qu’il était tout juste encore vivant. Aujourd’hui encore. Mais je suis infiniment reconnaissante envers Eloi de m’avoir instruite. Mes yeux se sont développés différemment de ceux des autres petites filles. Et depuis, la vie est bien différente qu’à ceux que je côtoie.

    Après l’enterrement de mon frère, je ne parlai plus à personne. Choc émotionnel d’après les médecins et ma mère. D’après moi, colère aigüe envers ma famille ; car je continuais de parler, mais aux braises et à bien d’autres choses...

     

    Mon corps  cessa de grandir, comme pour me rapeller ce que j'étais lorsque mon frère vivait. J'apprenais à vivre dans le monde d'Elios, niant les réactions des individus que j'analysais.
    Ceux-ci m’agaçaient et manquaient totalement de bon sens de mon point de vue. Plus je grandissais, plus je me rendais compte que le monde entier était absurde. Et plus je grandissais, plus le monde entier me trouvait absurde.

    Les rumeurs couraient que j’avais hérité de la folie de mon frère.

    J’étais donc folle.

    Nimbre


    La réflexion est importante. N’oublie jamais d’y remédier. Si un jour tu es prévoyante, c’est que tu deviens une personne comme toutes les autres.
    Eloi



     

     

     

    Dévoilons l’Esprit Nimbrique 

     

    Individu : Nimbre, dit : « Esprit Nimbrique »
    Six principes de vie : La Volonté, le Froid, l’Absurde, le Lait, les Dos, les Risques.


    En réalité, Nimbre a une maladie.

    Elle n’est pas restée enfant grâce à sa Volonté. Elle croit que le Froid aide son corps à garder celui qu’elle a aujourd’hui. Elle croît qu’il la conserve.

    Nimbre a en effet eu une grande Volonté à ne pas grandir, et c’est peut-être cela qui a déclenché la maladie, mais cela n’est pas certain. Elle ne pourra cependant certainement pas grandir un jour.
    Peut-être la Science trouvera-t-elle un remède… ?
    En attendant, Nimbre est heureuse ainsi, et est certaine de ses convictions.


    Elle croît en la volonté. Pour elle, toute chose se développe par la volonté. C’est un fait incontestable pour elle.

    Le Risque est la principale motivation de Nimbre. Pour elle, sans Risque, la vie serait non-existante. Il fait partie de toute personne et est essentielle à la vie. Elle a donc basée sa vie sur cela, ignorant les conséquences que cela peut créer.

    L’Absurde est l’une de ses motivations, chose reprise de son frère, Eloi. L’Absurde est pour elle un chemin de vie incroyable qui mène l’individu à s’épanouir devant toutes choses, insensées et insignifiantes soient-elles. Elle s’intéressera donc à tout, établira des théories sur tout, et profitera de n’importe qu’elle banalité pour instaurer des métaphores de la vie. Acquérir le plus de détails, d’informations sur le tout et le rien est primordiales pour elle.

    Le Lait quant à lui est un symbole de l’enfance, de l’âge de la déraison et de l’insouciance. C’est un clin d’œil de contradiction. Elle ne grandira pas, malgré ingurgiter des litres de Lait,…des litres de calcium, des litres d’aide à l’évolution, au développement, à la croissance.

    Son amour pour les Dos est dû au faite que lorsqu’elle dort sur les Dos, Nimbre a la capacité de ressentir une infime partie de l’inconnu sur lequel elle rêve. Ses rêves sont donc influencés par son porteur, ainsi ses songes sont principalement un mixage entre des vécus précédents la venue de Nimbre de l’inconnu. (En principe : le lieu où il était, les gens qu’il a rencontré, et l’émotion qu’il aura vécu précédemment). Le tout reste évidemment très flou et les détails ne sont pas de mises… Sur les lits, il ne se passe rien, et dort comme tout le monde. Elle dit ne pas réussir à dormir sur un lit, mais cela est un prétexte pour pouvoir négocier des Dos. Cependant, lorsqu’on la retire d’un Dos, alors qu’elle dort, son rêve est brutalement coupé et elle se réveille aussitôt.
     

     

     

     

     

    Paroles  Nimbriques

    (Merci à tout ceux avec qui j'ai fait du jeu de rôle avec ce personnage...!)

     

    Nimbre, histoire, explication, extraits de pensées

     

     

    1.

    [...]
    - *observe le lampadaire* C'est respectable un lampadaire. Il travail toujours et ne dort jamais. Mais personne ne trouve un lampadaire respectable. *re regarde Pravh*
    - Si, vous et moi, Mademoiselle.
    - Vous?
    - Je n'y avais jamais pensé jusqu'alors, mais vous avez raison, il travail tout le temps et ne dort jamais.
    [...]

     

    2.

    [...]
    -Vous vous rendez service à vous même des fois?
    - Cela fait partie des sacrifices qu'une personne comme moi doit assumer et donc supprimer. Mon temps est pour toute personne respectable.
    - Et donc, parce que je suis respectable, vous devez supprimez vos propres services. C'est étrange...
    - *acquiesce*
    - A cause d'un lampadaire vous n'avez plus de temps pour vous. J'aime bien cette phrase.
    [...]

     

    3.

    [...]
    - Et vous, que voulez vous faire?
    - Parler aux pierres et comprendre la vie.
    - * Semble interloqué * Oh...intéressant. Et que vous expliquent-elles?
    - Les pierres n'ont pas de corde vocale.
    - C'est vrai. C'est alors, une sorte de pratique?
    - Concrètement, elles ne m'apprennent en aucun cas la vie. C'était une métaphore.
    [...]

     

    4.

    [...]
    - Le lieux de naissance fait le moine...
    [...]

     

    5.

    [...]
    - *Observe le plafond et apperçoit des sculptures de Lys* Je n'aime pas les Lys.
    - Imagine des roses.
    [...]

     

    6.

    [...]
    - Que suis-je?
    - Une femme, esprit qui a l'air simple, mais en réalité, pas du tout. Tu réfléchis autant, si ce n'est plus que les autres. Sauf que tu n'exprimes pas les choses de la même façon.
    [...]

     

    7.

    [...]
    - Je n'aime pas pleurer les morts quand les squelettes sont déjà pourris.
    [...]

     

    8.

    [...]
    - L'idée de me ficeler à quelqu'un me répugne.
    - Je te souhaite que personne ne te ficèle, alors... Au propre comme au figuré.
    [...]

     
    A mon réveil, un mot était à la place de Tarask


    "Merci de m'avoir fait réfléchir. je ne peux pas rester, sois mon instinct reprendrai le dessus, sois je chercherais à te mettre les fameuses ficelles que tu ne souhaites pas. Et à force de refuser, je pense que mon instinct reprendrait le dessus et je ne te le souhaite pas. Merci de m'avoir changer. On ne se reverra pas, c'est certain. Adieu,... Et merci."

    * lit le mot et observe le plafond. Aperçoit les Lys sculptés*
    - Je n'aime vraiment pas les Lys. * Glisse le billet dans sa poche*
    [...]

     

    9.

    [...]
    - *Assise sur le peu de neige du sol, sa robe plutôt trempée*
    - Que vois-tu?
    - De mes yeux, la même chose que toi.
    - Un arbre qui agonise.
    - Il t'a dit qu'il agonisait?
    - Nous agonisons tous. *fixe l'arbre*
    - Possible.
    [...]
    - Tu vas finir gelée.
    - J'aime le froid.
    - Tu finiras par mourir dans l'indifférence de tous.
    - Une belle mort.
    - La mort est égale a elle-même, pourquoi vouloir y trouver de la beauté?
    - Tout être devrait mourir dans l'indifférence.
    - Tu ne souhaites pas survivre? Comme lui? * Désigne l'arbre *
    - Je survis. C'est toi qui penses à ma mort.
    - Il est vrai.
    [...]

     

     

    10.

    [...]
    - Porter une telle somme sur vous est...risqué.
    - Le risque donne de la vie au jour monotone.
    [...]

     

    11.

    [...]
    - Tu es à l'image de ses terres par certains aspects.
    - En quoi?
    - Calme,pure, énigmatique. *Penche la tête sur le côté* Et l'on ne peut rien te cacher.
    [...]

     

    12.

    [...]
    - La neige recouvre les terres toute l'année. C'est d'une mortelle beauté.
    - Mortelle beauté. Vous qui disiez ne point vouloir trouver de beauté en la mort...
    - En effet. C'est la beauté de ces terres qui est mortelle. Non l'inverse.
    [...]

     

    13.
     

    [...]
    - Vous ne parlez pas beaucoup de vous.
    - * N'en dit rien *
    [...]

     

    14.

    (Allander) *Tente de récupérer le Lys écrasé dans la main de Nimbre *
    (Nimbre) * Le laisse faire * Je n'arrive pas voir de rose... A la place du Lys.
    (Shaiith) En effet... Dans le cas présent, cela demande un effort d'imagination.
    (Nimbre) C'était une métaphore... Avant j'arrivais percevoir les choses autrement...
    (Shaiith) *Réfléchit* Qu'est-ce qui à changer?
    (Nimbre) Rien.
    (Allander) * Écoute la conversation et essaie de comprendre *
    (Shaiith) Dans ce cas, tu dois encore en être capable. Il suffit parfois de juste voir au delà des choses.
    (Nimbre) * Ne dit rien, semble réfléchir *

     

    15.

    [...]
    - Vous vous connaissez depuis longtemps?
    - *Regarde Nimbre * Elle est de ceux qu'on a l'impression de connaître depuis longtemps.
    - Donc...non?
    - Depuis ce matin.
    [...]

     

    16.
     

    [...]
    - Tu découvres le monde de manière empirique. C'est dangereux mais censé. Pourquoi ne pas apprendre au fil du temps, comme tout le monde?
    - Je n'aime pas l'esprit du monde.
    [...]

     

    17.

    [...]
    - La disparition de ton frère a laiser une sorte de vide en toi, je me trompe?
    - C'est une évidence, Shaiith.
    [...]

     

    18.

    [...]
    (Shaiith) - J'ai ce sentiment de vivre comme dans un rêve, de nager à contre courant. De vivre dans un pantomime où je vois des gens vivre sans les comprendre.
    [...]

     

    19.

    [...]
    - Comme un arbre au milieu des roseaux...quelque chose comme ça.
    - C’est haut.
    - Pour un roseau.
    - Beau et haut.
    [...]

     

    20.

    [...]
    - Nimbre...Elle est toute seule, mais aussi plusieurs. * S’en va aussi *
    [...]

     

    21.
     

    [...]
    - Détailler signifie donc...Chercher.
    - C’est ce que je crois en effet.
    [...]

     

    22.
     

    [...]
    - La réflexion demande, d’une certaine façon, de se perdre un instant.
    [...]

     

    23.
     

    [...]
    - Vous sortez d’où vous...?
    - Je sors d’une réflexion.
    [...]

     

    24.
     

    [...]
    - Vous avez une langue, c’est pour vous en servir...
    - *N’en dit rien *
    [...]

     

    25.

    [...]
    - On dirait que nous ne sommes que des objets...Ou des animaux que l’on étudie.
    - C’est votre esprit qui pense cela.
    [...]

     

    26.
     

    [...]
    - *Pose sa main sur la pierre la cachant de ton regard * Tu la convoites?
    - *Son doigt caché par ta main, relève le menton sans rien dire puis détail le visage de l’orc *
    - Regarder signifie convoiter ?
    - Dans un sens...Je suppose.

    - * Observe tes oreilles* Je convoite tes oreilles.
    [...]

     

    27.

     

    [...]
    - Je vais sûrement repartir pour le nord.
    - * S’assied et observe la nappe *
    - * De but en blanc, abaisse sa capuche *
    - Longtemps ?
    - Sans doute oui.
    - * N’en dit rien *
    - J’ai un rendez-vous avec les dirigeants de Schuttgart dans la soirée.
    - * Tourne la tête en ta direction et te regarde en détail *
    - Sans trop savoir si ça t’intéressais, j’avais une envie certaine à te le signaler. *Moment de silence * Va savoir pourquoi... * A lui-même *
    - * Observe tes lèvres bouger, n’en dit toujours rien *
    - * Regarde devant lui, les yeux mi-clos *
    - C’est important, ce soir ?
    - Disons, que cela décidera si je compte travailler pour les dirigeants de Schuttgart ou non.
    - ...
    - J’avais dans l’idée de t’emmener avec moi...Mais je me ravise à présent.
    - * Incline la tête, l’air de vouloir déchiffrer tes pensées, fixant tes pupilles *
    - Je ne vois pas ce que...Enfin... * Semble un peu troublé *
    [...]
    - Je te vois mal...enfin je me vois mal te convaincre.
    - *Tourne la tête et observe le serveur qui vient poser la carafe et les gobelets*
    - * Attends qu’il s’en aille, et le salue de la tête * Je n’ai pas l’habitude de débiter ce genre de platitudes.
    - *Observe la carafe *
    - J’ai l’impression d’avoir de l’urticaire. * Saisi le pichet et remplis les gobelets en parlant, dépose un gobelet devant toi, prenant l’autre *
    - ...
    - Enfin, je m’éparpille. Tu te portes bien ?
    - Influence ? *Ignorant sa question *
    - ...
    - ...
    - J’ai du mal, à même de m’imaginer cela ; moi, essayant de convaincre une jeune humaine de me suivre dans ma vie de débauche. Puis en te voyant, je me suis dis que ta vie n’est sans doute pas là. Mais je me garde de parler à la place des gens.
    - J’ai du mal, à même de m’imaginer cela. Moi, suivre un sombre, ficeler à sa vie de débauche.
    - *Sourit en coin * Ficeler hein ?
    - *Apporte son verre à ses lèvres, avalant plusieurs gorgée d’eau fraîche *
    - Tu as le don de trouver les mots, enfin je vais le faire simplement. Je vais dans le nord. S’il te venait à l’idée de me suivre, j’en serais ravi...D’une certaine manière, je pense. * Reste toujours flou *
    - Pose la question.
    - Souhaiterais-tu marcher à mes côtés pour ce voyage ?
    - Oui. *Reboit une gorgée sans te regarder *
    (Merde, ca ressemble à une demande en mariage ca *Aurais pu trouver une formule plus adaptée *)
    ( x) )
    - * Te regarde fixement un moment *
    - *Observe la carafe *
    - * Moitié perdu et surpris, puis incline la tête en arrière et éclate de rire *
    - * Tourne subitement la tête et observe ton visage illuminé, un peu surprise de ta réaction *
    - * Continue de rire un moment, se reprend passant sa main sur le visage, prend son gobelet et en boit une gorgée * Je pense que même si je te disais, suis moi dans un coin sombre que je t’étripe, tu me suivrais. Tu es surprenante...
    - *N’en dit rien *
    - Tu es comme une brise qui renverse les feuilles sur ton passage. On ne sait pas d’où elle vient, ni ou elle part.
    - *Regarde ses mains *
    - Tu ne souhaites pas savoir pour qui, je travaille ou quel genre de travail c’est ? * Demande par acquis de conscience *
    - Non.
    - Vraiment ?
    - Je préfère le découvrir toute seule.
    [...]

     

    28.

    [...]
    - Tu as sans doute raison. Tu sais, je considère les sensations comme le goût. Une caresse comme une sucrerie. Une gifle comme du sel. Et la douleur, comme de l’amer. Les enfants découvrent le sucré. Les jeunes le salés, et les adultes l’amer. Tu es...comme une sucrerie que la vie m’accorde en un sens. On m’a tellement habitué à l’amer...
    - Une sucrerie.
    [...]

     

    29.

    [...]
    - Lui qu’on prenait pour un fou, on dirait que ta vie seule lui rend justice.
     Je ne sais pas exactement ce qu’il t’a enseigné. Mais je pense pouvoir dire que je suis heureux qu’il l’ai fait.
    [...]

     

     


    A cinq ans, je m’étais décidée de ne plus m’attacher à quelqu'un.
    Eloi avait été le seul.


     

    30.

    [...]
    - Est-ce le fait que tu n’aies jamais rien reçu que tu veux donner ?
    [...]

     

    31.

     

    [...]
    - Comment tu faisais seule ?
    - Je regardais la violence passer devant moi.
    - Tu as ce don, il est vrai. D’éviter les ennuis.
    [...]

     

    32.

    [...]
    Shaiith: Comment souhaiterais-tu que je me comporte avec toi ?
      Nimbre: Comme Shaiith.
    -Shaiith: *Sourit en coin *Je suis heureux de te revoir.
    [...]

     

    33.
     

    [...]
    - Je ne pense pas que tu imagines la manière dont je le fais.
    - Tu es différent. Donc forcément. Je ne pense pas non.
    [...]

     

    34.

    [...]
    - Dans mon propre esprit... Aimer signifie admirer quelqu’un et lui rendre hommage.
    [...]

     

    35.

    [...]
    - Tu as l’air déçu.
    - Tu es curiosité, tu te rappelles ?
    - D’après toi. Oui. Je m’en rappelle.
    - Je n’ai vu que du vide en moi.
    - C’est joli. Pratique.
    - * Te fixe à nouveau *
    - On peut te remplir alors ?
    - Je ne sais pas. *Un peu surpris * Sans doutes oui.
    - *N’en dit rien *
    - * Sa mélancolie semble s’effacer *
    [...]
    - Je ne sais pas si tu en as besoin. *amusé*
    - J’dois être trop remplie. J’me viderais un peu pour te remplir.
    [...]

     

    36.

    [...]
    - Angoissé.
    - C’est...Intéressant l’angoisse.
    [...]

     

    37.
     

    [...]
    - Bon il vous est arrivé quoi ?
    - J’ai dormi.
    [...]

     

    38.
     

    [...]
    - J’étais juste vivant. La je me sens en vie.
    [...]

     

    Nimbre, histoire, explication, extraits de pensées

     

    39.

    [...]
    - Pourquoi toi ?
    - Tu es déçue ?
    - Pourquoi ?
    [...]

     

    40.

    [...]
    - La nuit tous les chats sont gris. Mai si tu étais un chat, maintenant tu serais multicolore.
    [...]

     

    41.

    [...]
    - Pourquoi n’avez-vous rien dis tout à l’heure ?
    - Je n’avais rien à dire.
    - Ma foi... Je n’ai rien à redire.
    [...]

     

    42.
     

    [...]
    - Qu’examines-tu cette fois ?
    - La carte sur ta tête.
    - La...carte ? *Un peu frustré*
    - Les motifs sinueux. J’imagine une carte, c’est plus drôle.
    - Ce sont des symboles...sacrés. * Un peu blasé *
    [...]

     

    43.
     

    [...]
    - Nous ne sommes pas des pierres.
    - Non. Mais on se fissure aussi.
    [...]

     

    44.
     

    […]
    - A quoi vous fait penser une pomme ?
    - A une femme !
    - En quoi ?
    - Ça se croque… Puis on fait le tour et on la jette.
    - Alors la poire aussi ?
    - Ouai la poire aussi ! Une femme !
    - Une prune ?
    - Pas encore essayé, enfin que je sache. Mais ça doit être pareil.
    […]

     

    45.
     

    […]
    - Vous êtes du genre pensive, vous. Je réfléchis pas à tout ça, normalement. Vous n’avez pas l’impression d’avoir l’esprit qui se trompe de route ?
    - L’esprit qui se trompe de route...Ou qui emprunte un autre chemin. Oui, sans doute..* le regard flou*
    - Oui, voilà. Les détours, en somme. Vous flânez. Un peu de châleur ne vous ferait peut-être pas de mal. Bah ce que je veux dire, c’est que vous êtes comme une feuille qui vole avec le vent. *Mime le geste * Je r’garde un coup par ici, puis je jette un coup d’œil par là… Oh une dalle, je vais la caresser un peu…Vous voyez ?
    - Vous n’aimez pas les détails ?
    - Nan. J’aime le gros.
    - Je ne fais pas cela sans but…
    - Dîtes moi ce qu’il y a d’important à regarder une pomme alors !
    - Je prends note de la texture. De l’odeur, du toucher. En fait…Je cultive un jardin de sens intérieurs…Si un jour je perds la vue, l’ouïe ou je ne sais…Je pourrais toujours me référer à mon jardin intérieurs.
    - Si vous commencez comme ça, évidemment…
    - Et le jour ou vous n’aurez plus de dent, vous ne saurez plus ce que c’est que de la croquer…
    - L’a-dap-ta-tion, ma jolie !
    - L’adaptation, Hm... ?
    - Je peux plus boire de vin ? Pas grave, je m’attaque aux herbes orcs !
    - Tout n’est pas remplaçable.
    - Mais si, mais si ! On en revient à l’exemple des femmes !
    - Tu remplaces par un homme… ? *Grimace * Cela ne sera pas la même chose, non ?
    - C’est ça l’adaptation. On prend ce qu’il y a à prendre, au lieu de rêver et de jouer les nostalgiques.
    - Nostlagique…
    - C’est vrai quoi…Bon avant c’était mieux. Mais faut se gaver de ce qu’il reste ! Que ça soit la soupe gratuite à un machin blanc, ou heu… * prend un verre *
    […]

     

    46.
     

    […]
    - Le chaud est douloureux ?
    - Non. Il me met mal à l’aise, c’est tout.
    - J’vois pas pourquoi.
    - Et bien…Le chaud, c’est le stress, le bruit, c’est l’attachement. Le mouvement…
    - Il y a la sueur aussi.
    - L’agglomération. L’ensemble.
    - La soupe gratuite !
    - La passion, la colère, le mûrissement. En gros, c’est tout ce que j’aime pas.
    - Non mais heu...* lève un doigt *
    - La maladie aussi.
    - La stagnation, ça c’est vous. Je me trompe ?
    - Peut-être bien… La glace…ça stagne…
    - Ça s’arrête, aussi…Ca ralentit…
    - Est-ce mieux qu’un océan qui bouille ?
    - Mouai…
    - Le froid…Ca conserve. Ca ralentit oui. Ca apaise. Ca calme, ca crispe aussi. C’est l’unification. Le silence.
    - Ca dévitalise, à mon sens.
    - Dévitalise… Je meurs ? C’est vrai… Le froid, c’est la mort. *ôte ses mains de la carafe remplie de glaçon *
    - Vous n’avez pas l’impression d’en abuser ?
    - Pourquoi ne pas abuser des bonnes choses ?
    - Aller…Si vous le dîtes… engloutit son verre *
    […]

     

    47.
     

    […]
    Faen : Et alors, en le sachant Nimbre, ça change quoi ? Nous ne sommes qu’éternellement un bouchon sur l’eau et jamais au même endroit…Se penser ainsi ou ainsi, c’est limiter son essence et se forger des limites. En gros, nous pouvons devenir tout, du moment que nous admettons être quelque chose sincèrement au moment X, avec les + et les – mais…. Qui peut évoluer, pas changer, évoluer. Vitriol ma chère. Vitriol. * s’endort en se grattant les fesses avec classe *
    […]

     

    48.
     

    [...]
    - C’est...dans vos habitudes de toucher ainsi les inconnus ?
    - Dans mes habitudes... J’aime bien. C’est important.
    - Ah oui ? Pourquoi donc ?
    - Parce qu’il faut tout mémorer.
    [...]

     

    49.

    [...]
    - Paresse.
    - C’est cela même.
    - Tu aimes rêver ?
    - Un peu, oui. Mais je préfère parler aux voyageurs.
    [...]

     

    50.

    [...]
    - Et que viens-tu faire à Giran, satisfaire ta curiosité ?
    - Oui.
    - Je vois...Tu es curieuse donc ?
    - On le dit. Oui.
    - Fais attention à ne pas trop l’être, tu finirais comme moi.
    - Tu es comment toi ?
    - Pourchassé.
    [...]

     

    51.

    [...]
    - On ne peut vendre une émotion ou une sensation que notre seul corps comprend.
    [...]

     

    52.
     

    [...]
    - Tu sais un jour...J’ai croisé quelqu’un qui m’a dit que je ne devrais pas m’appeler Paresse. Mais « Contemplatif ».
    - Contemplatif, c’est un joli nom.
    - Je pense qu’il t’irait bien mieux à toi qu’à moi, désormais.
    - Contemplative alors.
    - C’est juste.
    [...]

     

    53.
     

    [...]
    - Disons que...la manière dont vous le faîtes est peu commune.
    - Je n’aime pas le commun.
    - Alors ne restez pas là à me parler..., voyez-vous, je suis AFFREUSEMENT commun !
    - Tout le monde l’est...
    - Si vous le dîtes...
    [...]

     

    54.

     

    [...]
    Elyana : Etrange individu.
    Lehran : Je la trouve plutôt sympathique.
    Elyana : L’un n’empêche pas l’autre.
    [...]

     

    55.
     

    [...]
    - J’aime comprendre les esprits.
    - J’aime bien te parler. Tu as des réponses toujours simples et concises.
    [...]

     

    56.

    [...]
    - Une drôle de personnalité, qui ne reflète en rien l’apparence physique. Un peu comme moi, peut-être.
    - * Se tourne sur le dos et fixe le plafond, semblant ignorer tes phrases * A croire qu’il va nous tomber sur la tête...
    [...]

     

    57.

    [...]
    - Tu es étrange, tout de même.
    - Décris-moi le mot étrange.
    - Inhabituelle, qui sort du lot, qui attire l’intérêt, qui intrigue.
    [...]

     

    58.

    [...]
    - Grande force mentale....Maîtrise du corps. A ton âge, c’est impressionnant.
    - Quel âge ai-je ?
    [...]

     

    59.
     

    [...]
    - Une fille qui aime les risques, tu ne tiens donc pas à la vie ?
    - J’aime la vie.
    [...]

     

    60.
     

    [...]
    - A vingt-quatre ans, tu aurais compris que certaine chose ne se font pas.
    [...]

     

    61.
     

    [...]
    - *Vient s’asseoir à côté de l’humain *
    - J’ai dit qu’on avait rien à se dire.
    - Je veux comprendre pourquoi.
    [...]

     

    62.
     

    [...]
    - Qu’est-ce pour vous la méchanceté ?
    - C’est ce qui fait naître la tristesse chez quelqu’un...
    - Je ne suis pas triste... ? * Pensive *
    [...]

     

    63.
     

    [...]
    - Bien.
    - Bien ?
    - Bien.
    - *Baille * Biiiien alors.
    - * Clignote des paupières *
    [...]

     

    64.
     

    [...]
    - Que penses-tu du mensonge ?
    - Très utile outil.
    [...]

     

    65.
    [...]
    - Que apportes la neige ?
    - Une toile blanche à peindre.
    [...]

     

    66.

    [...]
    - L’esprit Nimbrique vous suivra.
    - Décris Nimbrique.
    - Qui aime le froid, le risque, l’absurde le lait et les dos.
    [...]

     

    67.

    [...]
    - Faut-il absolument une raison à tous actes ?
    - Dans ce monde de fous, il est préférable, oui.
    [...]

     

     

     


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